12 January 2025

Edité par le rédacteur en chef ALY BAKKALI TAHIRI

Source: Nouvelles de Palestine via telegram

Les communiqués félicitant le Hamas pour l’élection de Yahya Sinwar à la tête du Hamas continuent de se multiplier. Tous les groupes, toutes les factions armées et tous les pays proches de l’Axe de la résistance se sont réjouis de ce choix. Ce fut même un soulagement. 

Pour l’Axe de la résistance, il est l’homme de la situation.

Il n’y a pas eu ce formidable  engouement lorsque, lors d’une très courte période, il y a eu l’annonce par la direction du Hamas que Khaled Mechaal, résident au Qatar, soit le président par intérim.

Il y avait même un silence gênant, puis la direction du Hamas à Gaza fait une déclaration claire et sans ambiguïté :

« Celui qui doit remplacer le martyr Haniyéh (rahmatullahi ‘alayhi) doit avoir une proximité avec les éléments centraux de l’Axe de la résistance, en particulier l’Iran et le Hezbollah. »

Et ce n’était pas le cas de Khaled Mechaal. Le désaveu est claire. Cette désignation n’a pas été accepté à Gaza, terre des innombrables martyrs.

Khaled Mechaal et Yahya Sinwar sont des personnalités différentes avec des visions stratégiques presque  inconciliables.

Sinwar est un homme de guerre de l’intérieur. S’il a quitté Gaza, ce n’est  que pour croupir dans les geôles sionistes durant 22 ans.

C’est un stratège pragmatique avant d’être un idéologue fermé. C’est un nationaliste palestinien déterminé et ouvert aux autres factions palestiniennes avant d’être un idéologue obtu qu’on voit chez certains Frères musulmans. 

Il ne caricature pas son ennemi. Tout au contraire il a appris sa langue et il essaie de comprendre la psychologie de ceux qui le combattent.

Sa stratégie découle d’une compréhension fine et complexe du terrain.

Sinwar est à l’origine du positionnement régional du Hamas et sa décision de retourner à Damas.

Une décision qui a fait polémique au sein du mouvement des Frères musulmans et qui n’a pas été du tout apprécié. 

Mais il a été bien plus loin, défiant la position de certains Shaykh freristes et brisant tous les tabous. 

Il a approfondi la relation du Mouvement avec le Hezbollah et la République islamique d’Iran, en posant un certain nombre de questions lors d’une réunion épique avec les membres du bureau politique du Hamas au Caire en 2022.

Analyse – YAHYA SINWAR, une élection qui a rassuré l’Axe de la résistance. 

Une source du journal Al-Akhbar raconte cette réunion qui dit tout de la personnalité et de la vision de Yahya Sinwar :

Sinwar posa brutalement cette question : 

« Pourquoi le Hamas a-t-il été formé ? N’est-ce pas pour libérer la Palestine de la rivière à la mer ? Quelqu’un a-t-il une autre réponse ? »

Puis il poursuit :

« Cherchons maintenant qui sont les adversaires d’Israël dans le monde, et qui partagent la hauteur de nos objectifs (libération totale de la Palestine historique)… »

Et il reprend :

« Dans quelles capitales les trouvons-nous ? Au Liban, à Damas, à Téhéran et à Sanaa, vous avez d’autres capitales à proposer ? »

Voilà qui est Yahya Sinwar. Un homme qui a l’audace de poser les questions les plus simples qui mènent à des réponses honnêtes, sincères et sans ambiguïté afin de prendre les décisions qui peuvent être très  difficiles.

Ainsi, après cela et malgré l’opposition affichée de certaines personnalités comme Khaled Mechaal, la délégation du Hamas s’est rendue à Damas après 10 ans de pause.

À partir de là, le Hamas s’est mis au centre de l’Axe de la résistance tout en gardant sa totale liberté d’action. 

Khaled Mechaal, de sa résidence à Doha, est la figure type du Hamas vivant à l’étranger et soumis aux fortes influences du pays qui l’héberge, tout en se collant aux choix (et non choix) idéologiques prises par l’organisation des Frères musulmans.

Cette tendance “étrangère” avait son poids lorsque Morsi était au pouvoir et que le soulèvement syrien était sur le point de faire tomber le régime syrien.

Mais face à l’énorme déception des Printemps arabes qui s’est révélé être une “manipulation américaine”, fasse aux multiples erreurs et échecs des Frères musulmans en Tunisie, en Égypte et en Syrie, face à la notabilisation et l’embourgeoisement des leaders Frères musulmans ou affiliés qui,

comme au Maroc ou en Turquie ont participé à la normalisation avec l’entité ;

face à tout cela, Khaled Mechaal avec tous ceux qui représentent le Hamas idéologique de l’étranger se sont retrouvés totalement marginalisés dans la direction du Hamas.

L’élection de Yahya Sinwar et la marginalisation de Khaled Mechaal reflètent l’évolution des rapports de pouvoir et d’influence dans l’Asie Occidentale avec l’émergence de l’Iran comme acteur principal. 

Mais cela reflète aussi la reprise en main dans la direction du Hamas de ceux de l’intérieur, qui sont près du terrain et qui est met au centre  l’intérêt des palestiniens avant les logiques d’appareil et les positions fermées d’une organisation internationale des Frères musulmans payant lourdement ses mauvais choix  stratégiques et ne comprenant plus les nouveaux enjeux régionaux et internationaux.

L’élection de Yahya Sinwar, le révolutionnaire pragmatique, est un espoir car il prouve que la Palestine a fait le bon choix qui lui permettra de ne pas vivre dans la torpeur, dans l’immobilisme stratégique, dans le conformisme bourgeois et dans le sectarisme étroit.

Tous ces fléaux qui frappent actuellement la majeure partie des mouvements islamistes arabes et turcs.  

La Palestine restera notre boussole pour des questions bien au-delà de la question palestinienne.

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