20 June 2025

Édité par notre Bénévole Lhoucine BENLAIL Directeur Officiel Diplomaticnews.net

(Par Lhoucine Benlail, analyste politique spécialisé en sécurité et lutte contre le terrorisme en Europe)

Alors que la question du Sahara marocain continue d’alimenter les tensions diplomatiques, une critique acerbe se dessine contre les manœuvres perçues de certaines puissances occidentales. En octobre 2024, le président français Emmanuel Macron, lors d’un discours au Parlement marocain, a déclaré que « l’avenir du Sahara s’inscrit dans le cadre de la souveraineté marocaine »*, provoquant une ovation des députés. Mais derrière ces applaudissements se cache un malaise grandissant : **la défiance envers les calculs politiques de l’Occident**, accusé d’instrumentaliser cette cause nationale à des fins opportunistes.

Macron au Maroc : entre applaudissements et arrière-pensées

Le discours de Macron à Rabat a marqué un **revirement apparent** après des années de positions ambiguës de la France. En 2020, Paris soutenait timidement le plan d’autonomie marocain pour le Sahara sous l’égide de l’ONU, tout en évitant soigneusement le terme « souveraineté ». En 2024, ce même mot clé est brandi comme un cadeau diplomatique. Mais pour de nombreux observateurs, ce soutien soudain ressemble moins à une conviction qu’à une monnaie d’échange. La France, premier investisseur européen au Maroc (avec des échanges bilatéraux de 14 milliards d’euros en 2023), chercherait à sécuriser ses intérêts dans des secteurs clés comme les énergies renouvelables ou l’industrie automobile. Un rapport du Sénat français de 2025 note d’ailleurs que « la stabilité du Maroc est vitale pour les ambitions énergétiques de l’Europe en Afrique ».

La diplomatie française, un double langage calculé

L’histoire récente regorge d’exemples de cette **ambiguïté stratégique** : – En 2007, la France appuie la proposition d’autonomie marocaine à l’ONU, mais bloque toute reconnaissance formelle. – En 2022, lors d’un vote au Conseil de sécurité, Paris s’abstient sur une résolution mentionnant la « souveraineté » marocaine. – En 2024, le Quai d’Orsay utilise alternativement les termes « Sahara occidental » et « Sahara marocain »* selon les interlocuteurs. Pour Ahmed Reda Benchemsi, chercheur en géopolitique, « cette gymnastique sémantique révèle une realpolitik cynique : la France soutient Rabat contre le polisario pour lutter contre l’influence algérienne en Afrique, mais évite de froisser ses alliés européens partagés sur la question ».

Le Maroc face au chantage géopolitique: l’heure des choix

Le texte original appelle à un sursaut : *« Le Sahara n’est pas une monnaie d’échange »*. Depuis 2020, le Maroc a pourtant multiplié les gestes forts : – Rétablissement des relations avec Israël en échange de la reconnaissance américaine de sa souveraineté sur le Sahara (accord de décembre 2020). – Menaces de suspendre les accords de pêche avec l’UE en 2023 après un vote critique du Parlement européen. Mais cette stratégie de « donnant-donnant »* comporte des risques. En 2024, l’Espagne, après avoir soutenu le plan d’autonomie marocain, a temporairement gelé ses investissements dans la région, invoquant des « préoccupations juridiques internationales ».

Souveraineté vs ingérence : le combat permanent

Le cœur du débat dépasse la question territoriale. Il s’agit d’un conflit de narratifs : – D’un côté, le Maroc brandit des preuves historiques (cartes coloniales, allégeances tribales) et des réalisations concrètes (développement économique régional à hauteur de **7,5 milliards de dollars** depuis 2015). – De l’autre, des ONG et certains États européens évoquent le *« droit à l’autodétermination »*, tout en fermant les yeux sur les soutiens militaires algériens au polisario, dénoncés par un rapport de l’ONU en mars 2025.

Conclusion :

la souveraineté ne se négocie pas** Comme le souligne l’auteur, *« la reconnaissance internationale n’est pas un prérequis, mais un constat »*. Le Maroc semble avoir choisi sa voie : renforcer son ancrage africain (27 accords économiques signés en 2024), diversifier ses alliances (adhésion au BRICS+ en 2025), et miser sur le soft power (tourisme, cinéma, énergie verte). Dans ce jeu d’échecs géopolitique, Rabat envoie un message clair : l’ère des chantages post-coloniaux est révolue. Reste à voir si l’Occident, prisonnier de ses contradictions, saura entendre ce rappel à l’ordre.

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