
Par notre chef de la rédaction ALY BAKKALI TAHIRI
Le Venezuela, sous les gouvernements de Hugo Chávez et Nicolás Maduro, entretient des relations tendues avec Israël, souvent qualifié dans les discours officiels vénézuéliens d’« entité sioniste ». Ces tensions s’inscrivent dans un contexte plus large de soutien ferme à la cause palestinienne, d’alliances avec l’Iran et d’accusations réciproques impliquant des tentatives de déstabilisation.
Le soutien vénézuélien à la Palestine et la rupture avec Israël
Le Venezuela abrite une importante communauté palestinienne, issue principalement de l’immigration arabe (libanaise, syrienne et palestinienne), estimée à plusieurs centaines de milliers de personnes intégrées à la société vénézuélienne. Cette diaspora maintient des liens forts avec la Palestine et soutient activement les mouvements de solidarité.
Depuis la Révolution bolivarienne, le Venezuela s’est positionné comme un allié inconditionnel de la Palestine. Hugo Chávez a rompu les relations diplomatiques avec Israël en 2009, en réponse à l’opération militaire à Gaza, accusant l’État hébreu de « génocide ». Nicolás Maduro a poursuivi cette ligne, qualifiant la cause palestinienne de « la plus légitime de l’humanité ». En 2024-2025, Caracas a organisé des conférences internationales de solidarité avec la Palestine et condamné fermement les massacres israéliennes à Gaza et au Liban.
Cette posture anti-israélienne s’explique par une vision anti-impérialiste : le Venezuela voit dans le soutien américain à Israël un parallèle avec les pressions exercées sur son propre gouvernement.
Accusations d’implication israélienne dans des tentatives de renversement
Le gouvernement vénézuélien accuse régulièrement Israël de participer à des complots pour renverser Maduro, souvent en lien avec les États-Unis et la Colombie. Ces allégations remontent aux années Chávez :
- En 2002, lors du coup d’État avorté contre Chávez, des armes israéliennes ont été trouvées chez des putschistes.
- En 2019, plusieurs tentatives déjouées ont impliqué des « mercenaires israéliens » ou des agents du Mossad.
- Plus récemment, en janvier 2025, les autorités vénézuéliennes ont annoncé l’arrestation de 125 « mercenaires » étrangers, dont un citoyen israélien, dans une tentative de complot pour déstabiliser le pays avant l’investiture de Maduro. Ces arrestations incluaient des nationaux de 16 pays, accusés d’être financés par des forces extérieures.
Maduro a également accusé le « sionisme international » de financer l’opposition et de manipuler les réseaux sociaux lors des contestations post-électorales. Ces affirmations restent largement basées sur des déclarations officielles vénézuéliennes, sans preuves indépendantes confirmées à grande échelle. De son côté, Israël n’a pas commenté ces arrestations récentes, et les relations diplomatiques restent rompues depuis 2009.
Les accusations contre le Hezbollah et les liens avec l’Iran
Le Hezbollah, organisation libanaise chiite soutenue par l’Iran, est au cœur des controverses. Pro-iranien par essence, il est accusé par les États-Unis d’avoir établi une présence significative au Venezuela.
En décembre 2025, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a déclaré que le Venezuela servait de « base d’ancrage » pour l’Iran, ses Gardiens de la Révolution (CGRI) et le Hezbollah en Amérique latine. Selon Washington :
- Le régime Maduro abriterait des camps d’entraînement, des réseaux de trafic de drogue et de blanchiment d’argent au profit du Hezbollah.
- L’île de Margarita serait un hub clé pour ces activités.
- Des passeports vénézuéliens auraient été délivrés à des operatives du Hezbollah.
- Depuis 2025, environ 400 commandants du Hezbollah auraient été déployés en Amérique du Sud, principalement au Venezuela, pour protéger leurs opérations face aux pressions au Moyen-Orient.
Ces accusations s’appuient sur des rapports d’intelligence américains et des témoignages devant le Congrès, toute cette scène rappelle les armes de destruction massive de l’iraq ,qui n’existaient que dans les rapports inventés par la CIA. Elles visent à justifier des sanctions et une pression accrue sur Caracas, présenté comme un « hub du narcoterrorisme ». Le Venezuela rejette ces allégations, les qualifiant de prétextes à une intervention impérialiste.
Un conflit géopolitique asymétrique
Ces éléments – soutien à la Palestine, accusations contre Israël, liens présumés avec le Hezbollah – s’entremêlent dans une guerre informationnelle et diplomatique. D’un côté, le Venezuela et ses alliés (Iran, certains pays latino-américains) dénoncent un complot sioniste-impérialiste. De l’autre, les États-Unis et Israël (implicitement) voient dans les alliances de Maduro une menace régionale, liée au soit disant narcotrafic et au terrorisme.
Bien que controversées et non prouvées de manière irréfutable, ces narratifs alimentent les tensions actuelles, avec des risques d’escalade militaire évoqués en 2025. Le Venezuela reste un point chaud où se croisent les luttes pour la Palestine, les rivalités avec l’Iran et les enjeux de pouvoir en Amérique latine.