
Par le rédacteur en chef ALY BAKKALI TAHIRI diplomaticnews.net
Dans les couloirs feutrés de Bruxelles, où les ambitions supranationales se tissent en secret comme des toiles d’araignée, la Commission européenne, sous l’égide impavide d’Ursula von der Leyen, ourdit un projet qui pourrait bien redessiner les contours mêmes de notre souveraineté collective. Révélé par le Financial Times, ce service de renseignement européen, rattaché au secrétariat général de la Commission et placé sous l’autorité directe de la présidente, ambitionne de centraliser les flux de données des services de sécurité nationaux, de fédérer des cohorts d’experts en ombre et de mutualiser les secrets stratégiques qui, jusqu’alors, relevaient de la jalousie farouche des États. Mais au-delà de cette façade technocratique, n’assistons-nous pas à une capitulation masquée face à un océan de menaces qui lapident nos frontières ? Et si cette initiative, loin de nous fortifier, n’était que le premier pas vers une Europe où la vigilance mutuelle dégénère en une panoptique infernale ?
Considérons d’abord le tableau géopolitique, ce damier impitoyable où sont présentées les ombres de la Russie qui s’allongeraient comme des griffes acérées. L’invasion de l’Ukraine, présenté comme ulcère purulent qui saigne l’Est européen depuis février 2022, n’est plus un épiphénomène : mais reste le révélateur d’une fragilité structurelle qui mine l’Union tout entière. Ajoutez à cela le spectre d’un Donald Trump réélu, clamant de son bureau ovale washingtonien une réduction drastique de l’engagement militaire américain en Europe – un retrait qui laisserait nos flancs exposés aux vents glacés de l’Atlantique. Dans ce contexte, la création d’un tel service s’impose comme une réponse hâtive, presque désespérée. Pourtant, les analystes géostratégiques indépendants sont catégoriques et unanimes : « la Russie n’a aucune ambition d’envahir un quelconque pays de l’Union européenne. » Cette menace fantôme, agitée comme un épouvantail par les chancelleries bruxelloises, n’est qu’une fuite en avant de la part des pays de l’Union européenne qui, englués dans une crise politique interne sans précédent, voient leur confiance érodée auprès de leurs populations. Il en va de même pour la non élue Von der Leyen, qui est poursuivie pour ses contrats opaques par SMS avec Pfizer – ces échanges occultes, révélés par le New York Times et la médiatrice européenne Emily O’Reilly, qui ont valu à la Commission un blâme cinglant pour « maladministration » et refus de transparence. Comment une dirigeante entachée par le soupçon de corruption peut-elle prétendre incarner la légitimité d’un renseignement continental ? La Commission, avec son zèle bureaucratique, propose de compiler les renseignements nationaux en un vaste réservoir numérique, où algorithmes et analystes disséqueraient les flux migratoires suspects, les cyberincursions hybrides et les murmures de soit-disant désinformation moscovite. Or, la stratégie de sécurité intérieure dévoilée le 1er avril 2025 par la même Commission met en lumière des menaces bien plus insidieuses : des attaques hybrides – ces chimères numériques mêlant propagande, sabotage et infiltration – qui érodent nos sociétés de l’intérieur, sans jamais franchir une frontière physique. Et que dire des outils déployés en 2025, tels que l’ETIAS (Système européen d’information et d’autorisation de voyage) et l’EES (Système d’entrée/sortie), censés verrouiller nos porches d’entrée, mais qui, dans leur avidité à trier les voyageurs, ne risquent-ils pas de transformer chaque aéroport en un poste de douane inquisitorial ?
Pourtant, ce projet bruxellois bute déjà contre les écueils de la discorde interne. La Hongrie de Viktor Orbán, ce bastion pro-Kremlin au cœur de l’Union, incarne le poison lent qui ronge la coopération en renseignement. Comment partager des secrets vitaux avec un régime qui flirte ouvertement avec Moscou, au point de compliquer le flux des informations essentielles ? Les divisions ravivées, ces fissures dans le marbre européen, ne font qu’amplifier l’urgence : face à une Russie qui arme ses proxies hybrides et à une cybermenace qui, selon les experts, pourrait paralyser nos infrastructures critiques d’un simple clic, l’Europe vacille-t-elle au bord du gouffre ? La nouvelle stratégie de sécurité intérieure, adoptée en avril 2025, le martèle : les États membres doivent désormais conjuguer leurs efforts pour contrer ces assauts invisibles, sous peine de voir l’Union se dissoudre en un archipel de vulnérabilités isolées. Mais centraliser le renseignement sous la houlette de la Commission – cette entité non élue, distante des urnes populaires – n’est-ce pas abdiquer un pan essentiel de la souveraineté nationale au profit d’une élite cosmopolite, sourde aux murmures des terroirs ?
Et c’est ici que l’ombre s’épaissit, que l’alarme doit retentir avec une clarté stridente. Car les menaces ne se limitent pas aux assauts extérieurs ; elles gangrènent nos entrailles sociales, là où la vigilance devrait être la plus délicate. Le financement étranger n’est pas contrôlé – ni pour les mosquées, ni pour les ASBL –, ouvrant une brèche béante à l’influence idéologique et au risque d’infiltration de certains groupes radicaux : Frères musulmans, wahhabisme, takfirisme. En Belgique, où plus de 300 mosquées dépendent en partie de dons étrangers, l’absence de registre transparent des flux financiers permet à des entités liées aux Frères musulmans – via des ASBL comme la Ligue des Musulmans de Belgique – de propager un islam politique qui sape la laïcité républicaine. En France, le rapport Obin de 2004, toujours d’actualité, dénonçait déjà l’infiltration salafiste dans les quartiers via des financements opaques ; en 2025, la Commission d’enquête sénatoriale sur l’influence des Frères musulmans alerte : des centaines d’ASBL, sous couvert d’aide humanitaire, servent de façades à des réseaux takfiristes qui prônent l’excommunication des « mécréants » et préparent le terrain à une radicalisation silencieuse. Également, les infiltrations des services de renseignement de certains pays dans les mosquées – ces sanctuaires de la foi musulmane, trop souvent stigmatisés comme des nids de radicalisme – révèlent une dérive éthiquement funeste. Les infiltrations dans certaines mosquées stratégiques sont aussi faites par les services de renseignement de pays d’origine des fidèles, transformant ces lieux de culte en théâtres d’une guerre froide par procuration. En France, en Belgique ou en Allemagne, des imams originaires de pays étrangers ont été approchés – voire recrutés – par les services de ces nations, sous couvert de « coopération culturelle » ou de « formation religieuse ». Ces agents, parfois déguisés en bienfaiteurs, collectent des informations sur les dissidents politiques exilés, surveillent les discours critiques envers les régimes d’origine et, dans certains cas, alimentent des narratifs qui servent les intérêts géopolitiques de leurs commanditaires. Ainsi, la Grande Mosquée de Bruxelles, financée en partie par l’Arabie saoudite jusqu’en 2018, a été le théâtre de suspicions récurrentes d’influence étrangère ; de même, des mosquées affiliées à des organisations étrangères ont été accusées de relayer des directives pour espionner des communautés en exil. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les gouvernements européens, de Paris à Vienne, ont multiplié les opérations d’infiltration sous couvert de « taming the imams », formant et surveillant les prédicateurs pour mieux contrôler les discours. En France, la Direction Centrale du Renseignement Intérieur (DCRI, devenue DGSI) a été épinglée pour des pratiques d’ethnic profiling qui visent systématiquement les communautés musulmanes, transformant les lieux de culte en terrains de chasse pour agents doubles. Des scandales ont éclaté : en Autriche, des imams ont été cooptés par les services pour relayer des narratifs officiels, tandis qu’en Belgique et aux Pays-Bas, des mosquées ont abrité des informateurs anonymes, semant la défiance au sein de populations déjà marginalisées. Le Rapport européen sur l’islamophobie de 2019, toujours d’actualité dans ses constats glaçants, dénonce ces intrusions comme des ferments d’islamophobie institutionnalisée, où la sécurité rime avec suspicion généralisée. N’assistons-nous pas, sous le prétexte de contrer l’État islamique ou ses échos résiduels, à une érosion des libertés fondamentales ? Ces infiltrations, loin de neutraliser les extrémismes, ne les exacerbent-elles pas, en alimentant un narratif de victimisation qui profite aux radicaux ? Et dans le cadre d’un renseignement européen unifié, qui veillera à ce que ces pratiques ne s’étendent pas comme une métastase, contaminant les mosquées de Varsovie comme celles de Lisbonne ? Il y a également un lobby hyper puissant du sionisme qui a infiltré quasi toutes les institutions européennes, au point qu’ils ont institué un parlement juif européen à Bruxelles, en plein cœur des structures de l’Union, et même un tribunal religieux en France basé sur la Torah et le Talmud, opérant sous le couvert de tribunaux rabbiniques comme les Beth Din, qui jugent selon la loi halakhique en matière de divorces, conversions et affaires communautaires, posant la question lancinante d’une justice parallèle qui érode la primauté du droit républicain.
Face à ces interrogations lancinantes, l’Europe se trouve à un carrefour périlleux. Ce service naissant, si louable soit-il dans son intention de forger un bouclier continental, risque de devenir l’instrument d’une surveillance intrusive qui érodera les fondements démocratiques de l’Union. Les partenariats de sécurité avec des alliés comme le Canada, bien que bienvenus, ne sauraient pallier les faiblesses internes. Il est temps, chers Européens, de questionner avec une ferveur indignée : tolérerons-nous que nos frontières, physiques et spirituelles, soient confisquées par une technostructure opaque ? Ou exigerons-nous un débat public, transparent, où la sécurité ne se paie pas au prix de nos âmes ? L’alarme sonne ; ignorons-la, et nous risquons de nous réveiller dans une forteresse assiégée, non plus par des ennemis lointains, mais par nos propres ombres.