12 March 2025

Édité par notre Bénévole Lhoucine BENLAIL Directeur Officiel Diplomaticnews.net et le chef de la rédaction ALY BAKKALI


La disparition dimanche dernier d’Ahmed Boukhari, ancien officier des services de renseignement marocains (DST), ne se résume pas à une simple page tournée. Si ses collègues saluent un « patriote hors pair » ayant consacré sa vie à la lutte antiterroriste, sa mort réveille aussi les zones d’ombre d’une carrière liée à l’un des plus grands scandales politiques du Maroc : l’enlèvement en 1965 de Mehdi Ben Barka, opposant socialiste au régime.

Entre héritage sécuritaire et suspicions posthumes
Reconnu pour son rôle clé dans des opérations de renseignement ayant empêché des attentats, Boukhari a longtemps incarné l’efficacité discrète des services marocains. Pourtant, son nom a basculé dans la controverse au début des années 2000, lorsqu’il a rompu le silence devant les caméras d’Al Jazeera. Dans un documentaire retentissant, il avait affirmé détenir des informations sur l’implication d’agents marocains et français dans la disparition de Ben Barka, évoquant même l’existence d’un « carnet secret » détaillant les opérations. Des révélations explosives, jamais totalement élucidées, qui lui avaient valu des menaces et un isolement croissant.

Une mort sous interrogation
Aujourd’hui, son décès – officiellement attribué à des causes naturelles – est accueilli avec méfiance par certains observateurs. Pour ses proches et des défenseurs des droits humains, le timing interroge : Boukhari aurait récemment évoqué son intention de publier de nouveaux éléments sur l’affaire Ben Barka. « Il est étrange qu’un homme aussi vigilant disparaisse sans que l’on puisse accéder à son témoignage final », relève un journaliste spécialisé dans les dossiers sécuritaires, sous couvert d’anonymat.

Le spectre Ben Barka, un héritage encombrant


Si Rabat a toujours nié toute implication officielle dans la disparition du leader socialiste, les déclarations de Boukhari avaient rouvert des plaies diplomatiques, notamment avec la France. En 2001, il avait décrit à Al Jazeera le rôle présumé d’un commissaire marocain dans l’élimination physique de Ben Barka, ajoutant que son corps aurait été « dissous dans de l’acide ». Que le Mossad est joué un rôle important dans son arrestation à Paris… Des allégations jamais confirmées, mais qui ont durablement associé son nom à cette affaire.

Un symbole à double visage
Pour la communauté du renseignement, Boukhari restera un expert respecté, architecte de méthodes antiterroristes encore utilisées aujourd’hui. Mais son parcours incarne aussi les ambiguïtés d’un système où la loyauté envers l’État coexiste avec des secrets capables de resurgir des décennies plus tard.

Ses obsèques, organisées dans la discrétion, n’ont pas permis d’éclaircir les doutes. Reste une question, murmurée dans les cercles militants : la mort de l’ancien espion clôt-elle un chapitre… ou enterre-t-elle une dernière vérité ?


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