
Édité par notre Bénévole Lhoucine BENLAIL Directeur Officiel Diplomaticnews.net
Introduction
L’Arabie Saoudite, gardienne des lieux saints de l’islam, est aujourd’hui confrontée à une controverse inédite concernant l’importation de viande halal. Des révélations récentes pointent du doigt des pratiques d’abattage jugées non conformes aux normes islamiques dans certaines entreprises européennes fournissant des volailles au royaume. Au cœur du débat : la méthode dite « d’abattage à la lumière », une technique qui remet en question la crédibilité des certifications halal et interroge la rigueur des contrôles saoudiens.
Les exigences de la charia en matière d’abattage
Selon les préceptes islamiques, l’abattage halal doit respecter des règles strictes. Celles-ci incluent l’égorgement manuel de l’animal par un praticien musulman, la prononciation de la formule « Bismillah » (au nom de Dieu) avant l’acte, et l’évitement de toute méthode de mise à mort causant une souffrance excessive. Ces conditions, supervisées par des autorités religieuses, garantissent que la viande est « pure » et licite pour les consommateurs musulmans.
La méthode controversée de « l’abattage à la lumière »
Cependant, des enquêtes menées en Europe ont révélé que certaines usines exportant vers le Golfe utiliseraient une technique industrialisée : l’« abattage à la lumière ». Cette pratique consiste à étourdir les volailles via une exposition intense à une lumière bleue, provoquant une désorientation et une immobilisation temporaire. Problème : selon des oulémas et des organismes de certification halal, cette méthode rendrait l’animal inconscient avant l’égorgement, ce qui contredirait l’exigence de conscience de l’animal au moment de l’invocation divine. Une violation directe, selon ses détracteurs, des principes de la charia.

Inquiétudes des fidèles et enjeux pour l’Arabie Saoudite
Ces révélations ont provoqué une onde de choc parmi les musulmans, notamment en Arabie Saoudite, où cette viande est vendue dans les supermarchés et parfois distribuée aux pèlerins lors du Hajj ou de la Omra. « Comment des produits non conformes peuvent-ils atteindre les marchés saoudiens ? », s’interrogent des fidèles sur les réseaux sociaux. La question touche à la crédibilité du royaume, dont le rôle spirituel impose une exemplarité absolue en matière de respect des normes halal.
Pourtant, le pays reste dépendant d’importations massives pour répondre à sa demande intérieure. Selon les données économiques, près de 40 % de la viande consommée en Arabie Saoudite provient de l’étranger, dont une part significative d’Europe. Un paradoxe pour une nation qui finance par ailleurs des fonds internationaux de certification halal.
Un système de contrôle en question
Si Riyad affirme appliquer des procédures rigoureuses, incluant des audits chez les fournisseurs étrangers, les récentes polémiques soulèvent des doutes. Des associations de consommateurs saoudiennes réclament désormais une transparence accrue, notamment via l’utilisation de technologies de traçabilité (comme la blockchain) pour suivre chaque étape de la chaîne d’approvisionnement.
Par ailleurs, des voix s’élèvent pour demander un renforcement des partenariats avec des organismes islamiques européens de confiance, à l’image du Halal Monitoring Committee (HMC) au Royaume-Uni, plutôt que de s’en remettre uniquement aux certificats d’entreprises privées.
Vers une crise de confiance ?
Au-delà du cas saoudien, cette affaire relance le débat sur l’industrialisation du halal, un marché estimé à plus de 2 000 milliards de dollars mondialement. Entre standardisation des procédés et respect scrupuleux des rites, la tension est palpable. Pour de nombreux croyants, la question n’est pas seulement technique, mais éthique : elle renvoie à l’intégrité même de leur pratique religieuse dans un monde globalisé.
Un précédent historique :
l’affaire des affichettes « non halal » aux Pays-Bas. Cette méfiance envers les certifications halal européennes n’est pas nouvelle. Dans les années 1980, un incident révélateur avait déjà exposé les failles du système. Un ouvrier musulman travaillant dans un abattoir néerlandais, lié à un partenaire saoudien, avait découvert que les poulets destinés à l’Arabie Saoudite – notamment pour nourrir les pèlerins durant le Hajj – n’étaient pas abattus selon les règles islamiques. Refusant de rester silencieux, il imprimait clandestinement des petites affichettes sur lesquelles était écrit. « non halal », qu’il glissait dans les sacs de volailles avant leur expédition. Alerté par ces messages, le partenaire saoudien exigea des explications. La direction de l’abattoir, après une enquête interne, identifia le lanceur d’alerte et le licencia sommairement, arguant d’un « dysfonctionnement isolé ». Les responsables néerlandais assurèrent ensuite à leur client saoudien que
« tout était rentré dans l’ordre », sans pour autant réformer les pratiques d’abattage. Cette affaire, étouffée à l’époque, illustre les risques d’opacité qui persistent depuis des décennies dans les chaînes d’approvisionnement halal transnationales.
Intégration dans la réflexion finale :
La réponse, complexe, exigera sans doute une collaboration inédite entre autorités islamiques, États et acteurs économiques – pour que le halal reste bien plus qu’un label, mais une promesse honorée. L’histoire de l’ouvrier néerlandais des années 1980 rappelle d’ailleurs que les alertes citoyennes, souvent étouffées, mériteraient d’être écoutées : sans transparence radicale, la confiance ne peut renaître. »
Cet ajout renforce l’idée que les controverses actuelles s’inscrivent dans une longue histoire de négligences et de manquements, tout en soulignant le rôle courageux (et souvent risqué) des lanceurs d’alerte. Il éclaire aussi les tensions entre impératifs économiques et exigences éthiques, un défi qui demeure entier aujourd’hui.
L’Arabie Saoudite se trouve à un carrefour. Alors que le royaume souhaite diversifier son économie via des projets comme NEOM, il doit aussi préserver sa légitimité religieuse. Garantir l’authenticité du halal n’est pas qu’un enjeu commercial – c’est une obligation spirituelle. Les mois à venir diront si Riyad parviendra à imposer des réformes audacieuses à ses fournisseurs ou si la défiance persistera, érodant peu à peu la confiance des musulmans du monde entier.
Réflexion finale
Cette polémique souligne un dilemme moderne : comment concilier traditions religieuses et réalités industrielles ? La réponse, complexe, exigera sans doute une collaboration inédite entre autorités islamiques, États et acteurs économiques – pour que le halal reste bien plus qu’un label, mais une promesse honorée.