28 October 2025

Par le Dr Ali Haydar Analyste géostrategique

Par un observateur des dynamiques bruxelloises

Bruxelles, le 27 octobre 2025

Ô Europe, toi qui te proclames championne du droit international et des principes de justice, comment peux-tu tolérer une telle dissonance dans tes actions ? D’une main, l’Union européenne conclut des accords commerciaux exploitant les ressources du Sahara Occidental, territoire non autonome selon les Nations Unies. De l’autre, elle ajuste ses cartes pour en reconnaître le statut distinct. Ces incohérences de la Commission européenne soulèvent une question fondamentale : l’UE peut-elle prétendre défendre les valeurs qu’elle affiche tout en s’accommodant de pratiques contraires au droit ? Ce paradoxe, loin d’être anodin, interroge l’intégrité des institutions européennes et appelle une remise en question urgente.1. Les Accords Commerciaux : Une Compatibilité avec le Droit International ?Le 2 octobre 2025, la Commission européenne a-t-elle agi en conformité avec ses propres principes en amendant les Protocoles 1 et 4 de l’Accord d’association euro-méditerranéen avec le Maroc, via la Décision du Conseil (UE) 2025/2022 ?182a82 Cet amendement, appliqué provisoirement dès le 3 octobre, étend les préférences tarifaires aux produits agricoles et halieutiques issus du Sahara Occidental, étiquetés « Laâyoune-Sakia El Hamra » ou « Dakhla-Oued Eddahab ». Comment justifier que ces produits – tomates, concombres, sardines – affluent sur le marché européen, alors que la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a statué à maintes reprises que le Sahara Occidental est un territoire distinct du Maroc, exigeant le consentement libre et éclairé de son peuple pour toute exploitation économique ?

Dans ses arrêts du 21 décembre 2016 (affaire C-104/16 P, Conseil c. Front Polisario) et du 4 octobre 2024 (affaires jointes C-779/21 P et C-799/21 P, Commission et Conseil c. Front Polisario), la CJUE n’a-t-elle pas clairement exigé que le Front Polisario, représentant légitime du peuple sahraoui, donne son accord préalable ? Pourquoi, alors, la Commission, sous la présidence de illégitime Ursula von der Leyen, persiste-t-elle à valider des accords qui semblent ignorer ces injonctions juridiques, malgré les protestations d’organisations comme Western Sahara Resource Watch (WSRW) ? Avec plus de 60 milliards d’euros d’échanges annuels entre l’UE et le Maroc en 2024, dont une part notable provient du Sahara Occidental, ces accords ne contribuent-ils pas à financer indirectement l’occupation, au détriment des camps de réfugiés de Tindouf ? Comment l’UE peut-elle concilier ces pratiques avec les résolutions de l’ONU, telles que la résolution 34/37 de 1979, qui réaffirme le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui ?

2. Une Mise à Jour Cartographique : Un Geste Suffisant ?

En juillet 2025, le programme Copernicus de l’UE a-t-il véritablement répondu aux exigences du droit international en traçant une ligne pointillée sur ses cartes pour séparer le Sahara Occidental du Maroc, conformément à son statut de territoire non autonome ? Cette mise à jour, révélée par El Independiente, n’est-elle qu’un ajustement technique destiné à apaiser les critiques, alors que les négociations commerciales continuent d’inclure les ressources sahraouies sans consentement ? Comment expliquer que les mêmes cartes, censées refléter le droit, servent à encadrer des accords qui le contournent ? Cette apparente cohérence cartographique ne masque-t-elle pas une incohérence plus profonde dans les politiques européennes ?

3. Une Position Géopolitique : Une Neutralité Respectée ?

Au Conseil de sécurité des Nations Unies, un projet de résolution américain prônant une autonomie sous souveraineté marocaine ne se heurte-t-il pas à l’opposition de la Russie ? Lors d’une déclaration au Kremlin en octobre 2025, le président Vladimir Poutine n’a-t-il pas réaffirmé que tout règlement doit inclure un référendum d’autodétermination, conformément aux résolutions onusiennes ? Ce veto potentiel ne met-il pas en lumière l’isolement diplomatique de l’axe UE-Maroc-États-Unis ? L’Union européenne, en soutenant implicitement une solution unilatérale, ne risque-t-elle pas de s’éloigner des principes multilatéraux qu’elle prétend défendre ?

4. Les Méthodes Marocaines : Une Légitimité Entachée ?

Si, comme le Maroc le proclame, le Sahara Occidental est une partie intégrante de son territoire, pourquoi le royaume recourt-il à des pratiques aussi controversées pour défendre cette position ? Comment comprendre l’utilisation de logiciels espions pour cibler des journalistes, des activistes et même des chefs d’État ? Pourquoi des allégations de corruption suggèrent-elles des pots-de-vin pour promouvoir les intérêts marocains au sein des institutions européennes ? Pourquoi, au Maroc, toute expression favorable à l’autodétermination du Sahara Occidental entraîne-t-elle censure, menaces ou emprisonnement ?Cette question prend une résonance particulière à la lumière du discours du président Emmanuel Macron devant le Parlement marocain le 29 octobre 2024. N’a-t-il pas, dans le texte officiel en français, employé le terme « Sahara Occidental » plutôt que « provinces du Sud » privilégié par Rabat, reconnaissant ainsi implicitement le statut distinct du territoire ? Le traducteur officiel n’a-t-il pas altéré ce terme lors de la traduction simultanée en arabe, et pourquoi certains médias marocains ont-ils adopté cette altération en remplaçant « Sahara Occidental » par « provinces du Sud » ? Les applaudissements quasi unanimes des parlementaires marocains à ce discours ne soulignent-ils pas une ambiguïté dans la position officielle du royaume ?

Si le Sahara est indéniablement marocain, pourquoi de telles stratégies

– espionnage, corruption, censure et altération des discours officiels – sont-elles nécessaires pour asseoir cette prétendue souveraineté ?Historiquement, la Marche Verte de 1975, présentée comme un élan populaire, n’a-t-elle pas été orchestrée sous les conseils du sinistre Henry Kissinger, secrétaire d’État américain, qui, en collusion avec le roi Hassan II, ourdit une machination pour forcer le retrait espagnol et légitimer l’annexion marocaine au mépris du droit à l’autodétermination ? Des documents secrets ne confirment-ils pas un accord entre le Maroc et l’Espagne pour un « plébiscite contrôlé », suggéré par Kissinger lui-même pour contourner les principes onusiens ? Le 11 novembre 1975, n’évoquait-il pas explicitement un « vote truqué à l’ONU » pour imposer cette solution unilatérale ? Ces révélations ne soulèvent-elles pas une question essentielle : une revendication légitime a-t-elle besoin de tels conseils perfides et de machinations impérialistes ?

5. Un Appel à la Cohérence des Institutions Européennes

Face à ces interrogations, une question ultime se pose : l’Union européenne peut-elle continuer à osciller entre respect formel du droit et complaisance économique ? La Commission européenne, garante des valeurs de l’Union, ne doit-elle pas aligner ses actes sur ses principes ? À cette fin, nous demandons :Le gel des accords UE-Maroc incluant les ressources du Sahara Occidental est-il envisageable tant que le consentement sahraoui n’est pas obtenu, conformément aux arrêts de la CJUE ?

Une enquête indépendante sur les influences marocaines au sein des institutions européennes, via des scandales comme le Marocgate ou le Qatargate, ne s’impose-t-elle pas ?L’UE peut-elle s’engager pleinement en faveur d’un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU, comme le réclament les résolutions internationales ?Un embargo sur les produits issus du Sahara Occidental ne serait-il pas une mesure cohérente pour respecter le droit international ?Comme l’ont fait l’Arabie saoudite et l’Iran pour leur candidature au sein des BRICS, le Maroc et l’Algérie doivent-ils, eux aussi, apaiser leurs tensions pour renforcer leurs positions sur la scène internationale ? La modération et le dialogue ne sont-ils pas des gages de stabilité régionale et de respect des principes internationaux ?

Chers lecteurs, ces contradictions ne sont pas une fatalité. Elles appellent une mobilisation pour exiger la cohérence des institutions européennes. Que le Parlement européen, les citoyens et les organisations internationales pressent l’UE à incarner ses valeurs. Le Sahara Occidental n’est pas une marchandise, et l’Histoire jugera ceux qui sacrifient la justice à la realpolitik. Agissons pour que l’Europe retrouve sa dignité et que le droit du peuple sahraoui soit respecté.

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