30 July 2025

Par Benlail Lhoucine – Directeur de Diplomaticnews Europe et le chef de la rédaction ALY BAKKALI TAHIRI

Avec **5,5 millions de Marocains Résidant à l’Étranger (MRE)** représentant près de **15% de la population marocaine** et contribuant à hauteur de **117,7 milliards de MAD (2024)** aux transferts de fonds (+2,1% vs 2023), leur exclusion du discours royal du 29 juillet 2025 interroge. Cette omission contraste avec leur rôle de pilier économique(8% du PIB) et de levier géopolitique.

Contribution économique vitale :

Des chiffres qui imposent le respect

1. Transferts record:

117,7 milliards MAD en 2024, dépassant les investissements directs étrangers (IDE).

– Stabilité financière: Ces flux compensent le déficit commercial et soutiennent le dirham.

2. Investissements structurants : – 70% des fonds sont injectés dans l’immobilier, générant 213 000 emplois nets (2023-2024).

– Tourisme : 8,6 millions de MRE ont visité le Maroc en 2024 (49% des arrivées touristiques).

3. Réservoir de compétences : 33,5% des émigrés ont un niveau supérieur (vs 21,3% au Maroc). Leur expertise en IA, santé ou énergies renouvelables reste sous-exploitée.

Défis persistants : Une diaspora en quête de reconnaissance

.

Obstacles structurels dénoncés :

Service consulaire défaillant :

Favoritisme (“*Bak saHbi*”), lenteurs administratives, et soupçons de corruption non enquêtés.

– Fracture économique:

Prix abusifs des billets d’avion/ferry et absence de liaisons low-cost vers l’Amérique du Nord.

Inflation ciblée: Majoration des biens et services lors des retours estivaux. – Exclusion politique : Aucune représentation institutionnelle dans les instances décisionnelles nationales.

Impact de l’oubli royal :

Symbolique: Aucune mention malgré leur rôle dans la diplomatie (défense du Sahara marocain) et les crises (séisme de 2023).

Risque économique: Seulement 10% des fonds investis dans des projets productifs (vs 30% au Nigéria).

Pourquoi cette omission ? Trois hypothèses critiques

1. Priorité aux affaires intérieures : Le discours axé sur la “réconciliation nationale” aurait évité les sujets diasporiques pour ne pas raviver les tensions sociales.

2. Message politique : L’absence de retours massifs en 2025 (liée aux coûts/logistique) pourrait être interprétée comme un désaveu, incitant le Palais à ignorer la communauté.

3. Cécité institutionnelle: Les MRE restent perçus comme une “ressource financière” plutôt que comme des acteurs politiques, en dépit des appels du Roi en 2024 pour “réviser les mécanismes de gestion de leur dossier”.

Urgence : Cinq leviers pour une réconciliation

1. Réforme consulaire:

🔹 Audits indépendants sur les fraudes présumées.

🔹 Plateforme digitale unifiée pour les démarches administratives.

2. Transport équitable : 🔹 Subventions sur les billets été/hiver et partenariats avec des compagnies low-cost.

3. Inclusion politique : Sièges réservés aux MRE au Parlement et Conseil Économique.

4. Incitations économiques: 🔹 Créer un fonds souverain dédié aux projets MRE dans les énergies renouvelables et l’innovation.

5. Reconnaissance symbolique: 🔹 Intégrer les MRE dans les discours officiels et décorations nationales.

Conclusion :

L’impératif de la cohésion Ignorer 15% de la population qui finance 7% du PIB et défend le Maroc sur la scène internationale relève du suicide économique.

Les MRE ne demandent pas une charité, mais une citoyenneté à part entière. Comme le souligne l’Observatoire du Travail Gouvernemental : “Leur expertise est un levier pour une croissance durable”. Leur omission dans le discours du Trône 2025 doit être un électrochoc pour une refonte inclusive, avant que la défiance ne tarisse ce flux vital. > “Un pilier national ne peut rester invisible dans la maison qu’il soutient.” > Benlail Lhoucine

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