13 October 2025

Édité par notre Bénévole Lhoucine BENLAIL Directeur Officiel Diplomaticnews.net

Source : Le Monde


Maroc : le crépuscule d’un roi, l’agonie annoncée d’un régime

Enquête : « Mohammed VI, l’effacement fatal » .

Vingt-six interminables années après une intronisation qui semblait promettre un avenir radieux, le règne de Mohammed VI s’enfonce inexorablement dans les sables mouvants de la maladie et de l’instabilité. Alors que l’état du souverain se dégrade de façon spectaculaire et publique, la question de sa succession plonge le pays dans une terreur froide, révélant des guerres de palais d’une brutalité sans précédent où chaque faction de l’élite, livrée à elle-même, se prépare au pire.

Deux images, deux facettes d’un même drame national, se heurtent dans un climat de profonde anxiété. La première, glaçante, est celle d’un monarque fantomatique.

Le 7 juin, lors de la prière de l’Aïd à Tétouan, Mohammed VI, vêtu d’une djellaba jaune pâle – couleur qui accentue sa morbideur –, est cloué sur un tabouret, spectateur impuissant d’une ferveur qu’il ne peut plus partager. Son visage n’est plus que l’ombre de lui-même, marqué par une fatigue qui semble terminale. Cette immobilité tragique, au milieu d’un peuple prosterné, a sonné comme un funeste avertissement : le roi n’est plus que l’ultime symbole d’un pouvoir en pleine déliquescence physique, et par extension, politique.

Désespérée, la cour tente, plus de deux semaines plus tard, d’étouffer l’effroi naissant par une mise en scène pathétique.

Une vidéo, fuitée avec une évidence calculée, le montre sur un Jet-Ski au large de Cabo Negro. Mais l’opération de propagande tourne au fiasco. Entouré d’un essaim nerveux de gardes du corps, le roi n’est qu’une silhouette vacillante, son geste timide vers la foule trahit un homme brisé, presque absent. L’effet escompté – rassurer – se transforme en son contraire : ce spectacle grotesque d’un souverain amaigri jouant machinalement le rôle d’un homme en bonne santé ne fait qu’aviver les craintes d’un mensonge d’État et d’un naufrage imminent.

Cette sinistre pantomyme ne fait que confirmer l’inexorable : le roi est physiquement ruiné. Le spectacle de sa rencontre avec Emmanuel Macron en octobre 2024, où il apparaît, sinistre et décharné, s’appuyant lourdement sur une canne, a scellé dans l’esprit de tous l’image d’un déclin sans retour. Loin de rassurer, cet affaiblissement visible ouvre une ère de dangers extrêmes. Le pays tout entier retient son souffle, tétanisé à l’idée de l’après, tandis que les loups se déchirent déjà dans l’ombre pour se partager un royaume au bord de l’implosion. La sérénité n’est plus qu’un souvenir ; place maintenant à l’angoisse d’une succession chaotique et à la peur d’un effondrement.

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