28 October 2025

Édité par notre bénévole Lhoucine BENLAIL directeur général du diplomaticnews

Introduction : Un règne entre modernisation et inertie

Mohammed VI accède au trône en 1999, succédant à Hassan II, dont le règne fut marqué par les “années de plomb” et de graves violations des droits humains. Si le nouveau souverain incarne initialement un espoir de changement, son règne est rapidement terni par des allegations de corruption et des réformes inabouties. La construction de l’image de son fils, le prince héritier Moulay El Hassan, semble répondre à une nécessité de perpétuer un système monarchique fragile, malgré un discours officiel de modernité et d’ouverture.

Le règne de Mohammed VI : des réformes limitées et un pouvoir concentré

Mohammed VI hérite d’un pays où les inégalités sociales sont criantes et où le pouvoir royal, bien qu’absolu, doit composer avec une montée des contestations. Ses premières années sont marquées par quelques réformes symboliques, comme la révision du code de la famille (Moudawana) en 2004, qui améliore timidement le statut des femmes. Il met également en place une Instance équité et réconciliation (IER) pour enquêter sur les violations passées, mais celle-ci est critiquée pour son absence de nomination des responsables et son caractère incomplet.

Les espoirs nés des printemps arabes en 2011 conduisent à une révision constitutionnelle. Celle-ci accorde théoriquement plus de pouvoirs au Premier ministre et au Parlement, tout en érigeant l’amazigh en langue officielle aux côtés de l’arabe. Cependant, la réalité du pouvoir reste concentrée entre les mains du roi, qui conserve un contrôle absolu sur les domaines religieux, militaires et stratégiques. Les observateurs notent que les avancées en matière de libertés individuelles, de justice sociale et de lutte contre la corruption restent très limitées, voire inexistantes.

Opacité financière et accusations de corruption

La fortune personnelle du souverain, estimée entre 2 et 8 milliards de dollars, questionne. Il possède d’importantes participations dans divers secteurs économiques du pays via sa holding SNI (Société Nationale d’Investissement), levant des interrogations sur la confusion entre les intérêts de l’État et ceux de la monarchie. Les câbles diplomatiques américains publiés par WikiLeaks en 2010 ont accru ces suspicions, pointant du doigt la corruption entourant le roi et ses proches conseillers.

Moulay El Hassan : un héritier préparé sous haute protection
Né en 2003, le prince Moulay El Hassan suit un parcours calibré pour succéder à son père. Formé au Collège royal de Rabat, il est polyglotte et diplômé du baccalauréat avec mention en 2020 avant d’entamer des études en relations internationales à l’université Mohammed-VI Polytechnique. Son éducation est présentée comme moderne, mais elle reste encadrée par les strictes limites du protocole et de la tradition Alaouite.

Son apparition progressive dans la sphère publique, lors d’événements diplomatiques, militaires ou culturels, suit une stratégie de communication millimétrée. La Constitution marocaine assure la transmission héréditaire de père en fils, mais Mohammed VI a renforcé les dispositifs sécuritaires et légaux pour verrouiller cette succession. La nomination de proches du palais et le contrôle accru de l’armée sur la sécurité du souverain visent à éviter toute contestation ou scénario de crise lors de la future transition.

Une image internationale soigneusement entretenue

Sur la scène internationale, Mohammed VI a poursuivi une politique étrangère modérée, renforçant les liens avec les États-Unis, l’UE et la Chine. La normalisation des relations avec l’entité sioniste ( ~israël~) génocidaire en 2020 dans le cadre des Accords d’Abraham a été un tournant majeur, bien que suscitant d’énormes critiques au sein de la population. La question du Sahara Occidental reste une priorité absolue de la diplomatie marocaine, qui défend farouchement son intégrité territoriale.

Doutes et interrogations sur l’avenir

Des questions persistent sur l’état de santé de Mohammed VI, régulièrement source de rumeurs, comme en attestent des images récentes le montrant affaibli, même si la communication officielle s’efforce de rassurer. La perspective d’une régence, ou d’une succession anticipée, alimente les jeux de pouvoir au sein de l’élite marocaine.

Le règne de Mohammed VI restera sans doute celui d’une modernisation en surface, mais d’une grande continuité dans les structures de pouvoir. Les réformes sont souvent restées incomplètes, et les libertés fondamentales peinent à être garanties. Le prince Moulay El Hassan incarne la promesse d’une nouvelle génération, formée pour évoluer dans un monde globalisé. Cependant, il devra composer avec les mêmes contraintes et les mêmes attentes populaires, dans un contexte de défis socio-économiques colossaux. Son parcours, pour l’instant, ne laisse entrevoir aucune remise en cause du système en place.

Conclusion : Un avenir incertain entre héritage et défis

Le duo Mohammed VI – Moulay El Hassan symbolise une tentative de concilier tradition et modernité. Si le roi a incontestablement insufflé une dynamique de modernisation économique et infrastructurelle, le bilan politique et social reste mitigé. La préparation du prince héritier semble viser avant tout à assurer la stabilité et la pérennité de la monarchie, plutôt qu’à engager des transformations profondes. L’avenir dira si Moulay El Hassan, une fois sur le trône, pourra ou voudra répondre aux attentes de changement qui secouent périodiquement la société marocaine.

📚 Bibliographie sélective :

· Wikipedia – Mohammed VI of Morocco
· Wikipedia – Moulay Hassan, Crown Prince of Morocco
· Le Monde – The twilight of Morocco’s King Mohammed VI (2025)
· Le Monde – Mohammed VI, the king of unfinished reforms (2025)
· BlackPast – Mohammed VI (1963- )
· Wikiwand – Hassan II of Morocco

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