Édité par ALY BAKKALI TAHIRI Co-directeur diplomaticnews.net
En quête d’alliés sur le Vieux Continent européen, le pouvoir colonial israélien a établi un rapprochement évident avec l’extrême droite européenne, dont il partage la haine de l’islam.
« Montrez patte blanche et tout vous sera pardonné ! » C’est, en substance, le message que cherche à transmettre aux élus européens le gouvernement israélien. Des responsables d’extrême droite multiplient donc les allers-retours à Tel Aviv à l’invitation d’élus locaux. Et tant pis si nombre d’entre eux proviennent de partis au lourd passif judéophobe… Depuis plusieurs années, les forces nationalistes du Vieux Continent manifestent un intérêt croissant pour Israël.
La majorité des mouvances d’extrême-droite européennes se sont ralliées à l’idée commune selon laquelle il représenterait l’avant-garde de l’Occident contre ses ennemis : l’islam.
Cette nouvelle donne n’a pas échappé aux cercles du pouvoir israélien. «Nous espérons que l’aile droite triomphe en Europe», expliquait sans détour en octobre 2010 le général à la retraite Eliezer Cohen, du parti ultranationaliste Israël Beiteinou d’Avidgor Lieberman, alors ministre de la Défense.
Pour l’extrême droite, ce nouvel amour proclamé pour Israël tient à une réorientation de son logiciel de pensée. «Ce qui fonde l’extrême droite est la mobilisation d’un «peuple éternel», d’un Nous, contre un ennemi intérieur (immigré, minorité religieuse ou nationale) et extérieur (judaïsme conquérant, sionisme comploteur, impérialisme surpuissant)», analyse René Monzat, chercheur à la Fondation Copernic.
« Dans ces conditions, l’antisémitisme et l’islamophobie ne sont pas des réalités immuables, mais sont mobilisés selon les contextes».
Longtemps structurante dans l’idéologie des partis d’extrême droite de nations comme la France, l’Allemagne, l’Autriche ou la Flandre, l’hostilité à l’égard des Juifs va progressivement perdre de son importance.
Aussi l’immigré musulman va-t-il peu à peu cristalliser cette figure de l’Autre contre lequel se construit la vision idyllique du «Peuple éternel», en particulier à partir des attentats du 11 septembre 2001.
De bouc émissaire, la figure du Juif est désormais associée de manière opportuniste au destin d’un Occident prétendument menacé.
Le philosophe Ivan Segré qualifie ce phénomène – qui dépasse largement le spectre de l’extrême droite – de «réaction philosémite», soit «sous le déguisement d’une lutte contre l’antisémitisme, une agression idéologique contre les fils d’immigrés, principalement arabes ou noirs, et les intellectuels, principalement progressistes ».
Voulant à la fois conforter son image de respectabilité et donner du poids à sa croisade contre l’islam, l’extrême droite aspirant à gouverner va donc chercher une onction israélienne.
Certaines mettront en scène la rupture avec leur héritage judéophobe ou hostile à Israël. D’autres formations nées sur le racisme antimusulman sans passer par la case antisémite, comme le PVV, lieront d’emblée leur destin à celui d’Israël, en s’alignant sur la ligne dure de son gouvernement.
Parallèlement, Israël saura tirer parti de l’idéologie ambiante du «choc des civilisations», notamment durant la seconde Intifada. Il légitimera ainsi sa politique de répression du mouvement national palestinien en l’inscrivant dans le cadre de la lutte globale contre le terrorisme islamique.
Ce nouveau discours fondé sur une prétendue civilisation judéo-chrétienne menacée par l’obscurantisme vert sert également un objectif fondamental du sionisme : l’émigration des Juifs d’Europe en Israël.
Alors que la bataille pour la suprématie démographique en Palestine occupée semble plus importante dans un contexte où s’éloigne toute perspective de solution à deux États, renforcer la psychose contre l’islam est perçu comme le meilleur moyen de favoriser l’alya.
Ainsi M. Netanyahou profite-t-il de chaque attentat terroriste islamiste sur le Vieux Continent pour inciter les Juifs au départ.