Édité par notre Bénévole Lhoucine BENLAIL Directeur Officiel Diplomaticnews.net
Sources : [1] *The Guardian* – “Belgium investigates Moroccan spies in Brussels mosque” (2020) [2] *Morocco World News* – “Belgian Justice Minister accuses Morocco of espionage” (2020) [3] Deutsche Welle – “Germany arrests Moroccan suspected of spying for Rabat” (2025) [4] Enquête en cours – Tribunal d’Igualada (Espagne)

Plusieurs affaires récentes ont mis en lumière l’implication présumée des services de renseignement marocains dans des opérations d’infiltration au sein de mosquées en Europe, ainsi que dans des circuits de financement suspectés de soutenir des groupes extrémistes. Ces révélations soulèvent des questions majeures quant à la sécurité des communautés musulmanes et à l’intégrité des institutions religieuses sur le continent.
Espionnage marocain dans les mosquées européennes

En décembre 2020, le ministre belge de la Justice, Vincent Van Quickenborne, a confirmé que la plus grande mosquée de Bruxelles avait été infiltrée par des agents des services secrets marocains. Trois employés, dont un directeur, étaient soupçonnés d’opérer pour le compte de la Direction Générale des Études et de la Documentation (DGED), la principale agence de renseignement du Maroc. Cette affaire, relayée par The Guardian et Morocco World News, a jeté une lumière crue sur les méthodes employées par certains États pour surveiller les diasporas en Europe [1][2]. Plus récemment, en janvier 2025, les autorités allemandes ont arrêté un ressortissant marocain, Youssef El A., accusé d’avoir espionné pour le compte du Maroc. Son rôle était consisté à surveiller des membres du mouvement Hirak, une opposition marocaine en exil, démontrant une nouvelle fois l’étendue des activités clandestines attribuées aux services marocains [3].

Financement trouble et réseaux extrémistes : l’enquête espagnole
D’après une enquête du quotidien espagnol *El Mundo*, un vaste réseau de détournement de fonds impliquant des agents de la Direction générale des études et de la documentation (DGED) du Maroc aurait été démantelé en Espagne. Selon cette enquête, plus de 2 millions d’euros par an auraient transité par une agence de voyages fictive, Aya Travels Tours, située à Mataró, près de Barcelone. Cette agence était apparemment utilisée pour transférer des fonds du ministère marocain des Habous et des Affaires islamiques vers l’Union des centres culturels islamiques de Catalogne (UCCIC), une organisation fondée par Noureddine Ziani, un agent de la DGED expulsé d’Espagne en 2013 pour des raisons de sécurité nationale. Les fonds auraient ensuite été renvoyés au Maroc via une autre agence de voyages fictive, Elysée Travels, détenue par des proches de Ziani et d’autres responsables liés à la DGED. [1]Ce réseau aurait également impliqué des fausses factures, des agences de voyages fictives et des informateurs rémunérés sans justificatifs, selon les informations révélées par l’enquête. [1]
Parallèlement, une enquête judiciaire menée par le tribunal d’Igualada, en Espagne, s’intéresse à des transferts financiers opaques en direction de groupes extrémistes. Des montants importants auraient été détournés via de faux prêts et des factures frauduleuses, avant d’être injectés dans des organisations liées au salafisme radical. Les investigations ciblent des individus et des entreprises basés à Barcelone et dans d’autres régions espagnoles, mais les ramifications semblent transnationales. Des rapports indiquent que des fonds ont circulé vers la Belgique, la France et l’Allemagne, où des réseaux extrémistes auraient bénéficié de ces flux d’argent [4].

Une menace pour la sécurité européenne ?
Ces deux phénomènes – infiltration des lieux de culte et financement obscur de l’extrémisme – soulèvent des inquiétudes quant à l’exploitation des structures communautaires à des fins politiques ou sécuritaires. Les gouvernements européens sont confrontés à un double défi : préserver la liberté religieuse tout en empêchant les ingérences étrangères et le radicalisme. Alors que les enquêtes se multiplient, la coopération entre les services de renseignement européens sera cruciale pour démanteler ces réseaux et garantir la protection des démocraties occidentales.